dimanche 27 mai 2012

Chapitre 5

La sonnerie retentit. Nous rangeons nos affaires pendant que le professeur nous donne les dernières instructions, pour nos exercices.
Je quitte la salle pour rejoindre mon casier et y prendre mon sac de sport.
Sur le chemin, je ne porte pas cas aux camarades qui me saluent. Je pense à ces deux meurtres. Comment ne pas y penser ? Il se sont passés à une semaine d'intervalle, comme s'ils avaient un lien particulier. Or, Mr Pester et Mr Cooper n'ont pas été tués de la même manière. Le premier avait eu droit à une mort, sortie tout droit d'un Saw et le second avait eu plus de chance. Même si mourir n'est pas une aubaine, son corps n'avait pas été souillé. Dans mes pires cauchemars, je vois Mr Pester tenu par une chaîne, accrochée au mur d'une pièce insalubre, un point d'interrogation sur un de ses membres et...Non, je dois arrêter de regarder ce genre de films d'horreur. Cette histoire devenait effrayante. On pouvait ajouter à ce palmarès, une amie arrêtée par un policier, ressemblant à ces acteurs qui ne savaient pas se servir d'une arme. Sans nouvelle depuis 3 jours, je m’inquiète beaucoup pour elle. Personne ne parle de son arrestation, pas même les médias. Cet inspecteur l'a bien mise en état d'arrestation, je n'ai pas rêvé. Soudain, une pensée me traverse l'esprit. Et si Ken était le coupable ? Il aurait tout manigancé pour tuer Leslie. Cet homme ne m'inspire pas confiance. Il arrive derrière vous, sans que vous ne vous en rendiez compte, avec son sourire aussi radieux que le soleil. Trop beau, trop gentil, il peut faire un parfait meurtrier. Un frisson parcours mon échine et je m'efforce de penser :
"Non, c'est juste qu'ils ne veulent rien ébruiter. Leslie va revenir au lycée."
Oui, car elle n'est pas coupable. Pas à mes yeux, du moins. Elle n'a pas le gabarit suffisant pour assassiner un colosse comme Mr Pester. Elle ne doit pas mesurer plus de 1m60. Notre regretté proviseur fut, jadis, joueur de football. Il n'était pas plus petit que 1m90 et ne pesait pas moins de 80 kilos. Le meurtrier est un homme, c'est la seule hypothèse probable. Qu'a-t-elle fait, pour que les soupçons soient tous portés sur elle ?
"Emy, tu essaies d'ouvrir mon casier., m'avertit Mary.
Je sors de mes songes et me décale pour ouvrir le mien. Elle s'approche de moi, appuie son épaule contre eux et me demande :
-Ça va ?
-J'ai connu de meilleurs jours.
-Oui, en effet. Tu as des nouvelles de Leslie ?
-Non, je me posais justement la question. C'est...Bizarre.
Je ramasse mon sac de sport et je vois le visage de ma meilleure amie s'illuminer. J'ai oublié, qu'aujourd'hui, les essais de volley ball avaient lieu.
-Hors de question. C'est pour la muscu.
Mary soupire. Elle avait été désespérée quand j'avais décidé de quitter l'équipe, trois jours avant la finale.
-Emy, on a besoin de tes fabuleuses passes décisives., supplie-t-elle.
-L'entraîneur va faire les essais non ? Il en trouvera une autre, bien plus douée que moi.
-Tu pourrais jouer en poste de remplacent si titulaire ne te convient plus.
-Mary...Peter jouait dans l'équipe masculine. J'ai arrêté car je pense trop à lui. C'est pour le bien de notre lycée.
Mary me sourit. Elle va capituler ou elle me taquinait, tout simplement. Non, j'avais tort :
-C'est dur de te convaincre, comme avec Timoty. D'ailleurs, il veut toujours te parler.
Elle commence à m'agacer avec cette histoire.
-Toi aussi, tu es dur d'oreille.
-Je ne veux pas que tu souffres.
J'ouvre la bouche mais elle l'ignore superbement.
-Ne me sors pas l'argument du meilleur ami ! Je vois comment tu le regardes quand il est avec nous. Je sais que tu es, terriblement, jalouse de Victoria, tu l'as montré à la rentrée. Tu vas me faire croire que tu ne meurs pas d'envie, de lui déclarer ta flamme ?
-C'est vrai, Emy ?
Je n'ai pas aperçu qu'il se trouvait non loin de nous. Il a dû tout entendre. Je ferme les paupières. Mary, à vouloir tout arranger, a aggravé la situation. Que va t-il penser de moi, maintenant ? Il me verrait différemment, dorénavant. Je ne pourrai plus lui parler normalement. Pourquoi tout le monde s'obstinait-il à vouloir m'aider ? Pourquoi s'occuper de mes histoires ? Mes parents, mes amis, tous ! Je commençais à étouffer.
-Non, elle ment !, je lance froidement.
Mary me lance un regard noir mais ne cela ne sert, strictement, à rien.
Je claque la porte de mon casier.
-J'ai envie de rester tranquille. Ne m'accompagnez pas.
Ils approuvent. Je ne leur laisse pas le choix, de toute manière.
Je les quitte sans rajouter un mot.



*

Assise à un table de brasserie, je commence une dissertation pour oublier tous mes malheurs. Mais, il m'est impossible de me concentrer dessus et, je commence à regretter mon comportement de tout à l'heure. En ce moment, je me dispute, souvent, avec tous mes proches. Bientôt, plus personne ne voudra m'adresser la parole. Je dois présenter mes excuses à Mary et enfin, dévoiler mon amour pour Timoty, même si, je n'en doute pas, celui-ci l'a déjà deviné.
Je m'apprête à remballer mes cours mais un homme vient s'asseoir à ma face. Mon père. L'homme que je détestait le plus monde.
-Bonjour...Papa.
-Tu vas bien ma chérie ?
Je fais la grimace. Il faut que je me fasse à l'idée que, même si nos sentiments ne sont plus réciproques, il m'aime toujours.
-Oui et toi ?
Cela ne m'intéresse pas de connaître son état de santé, mais une simple formalité n'avait jamais fait de mal à personne.
-Je vais bien, merci.
-Comme as-tu su que j'ai été ici ?
-J'ai téléphoné à ta mère. Elle m'a seulement dit que tu te trouvais dans un endroit calme et reposant.
Ma mère a beau faire des nuits blanches, elle en lui en veut toujours autant.
-Et tu as trouvé ?, je demande sournoisement.
Il ne remarque pas que je me moque de lui. Ou du moins, il ne le montre pas.
-Je suis ton père, je te connais par cœur, Rosy.
Rosy, pour Rosalie. Mon second prénom. Je n'ai jamais su pourquoi il l'utilisait.
-Ça m'étonne beaucoup. Pour toi, je ne suis qu'une roue de secours depuis la mort de Peter.
-Je m'intéresse à toi, plus que tu ne le penses.
Je lâche un gloussement.
-Je ne te crois pas. Qu'es-tu venu faire ? Tu sais que je ne veux plus te parler.
-Je ne t'ai pas trompé que je sache.
-C'est tout comme. J'avais confiance en toi et tu étais mon héros.
Mon père sourit mais je vois qu'il se force. Je viens de toucher un point sensible.
Tout a basculé lorsque je l'ai découvert dans les bras de sa secrétaire, dans notre propre maison, l'année précédente. C'est peut-être un stéréotype, mais je l'ai vu. J'ai surpris leurs ébats amoureux. Même à 15 ans, on est tout autant choqué qu'à l'âge de 5 ans. C'est mon cahier, tombé sur le sol, qui a trahi ma présence. Le regard de mon père est passé de la surprise à la honte. Il y avait de quoi. Il trompait sa femme, après 14 ans de mariage. Ensuite, je me rappelle m'être enfermée dans ma chambre et être restée, assise, derrière la porte, toute la soirée. Je ne l'ai pas rapidement dévoilé à ma mère. Je l'ai fait, trois semaine après, au dîner, devant une émission qui traitait de l'adultère. N'y tenant plus, j'ai tout révélé d'une seule traite et je suis montée pour ne être au cœur d'une dispute, qui n'a pas tardé à éclater. Des bruits d’assiettes brisées, des cris, un claquement de porte, un crissement de pneu puis le calme. Je suis sortie dans le couloir et j'ai vu ma mère, assise sur une marche, en pleure. Je n'ai pas osé descendre, la prendre dans mes bras. J'avais causé beaucoup de mal. Après, je me suis mis à le détester et j'ai coupé tout contact avec lui. Mais il m'a retrouvé, à mon grand désarroi.
-Qu'est-ce que tu es venu faire ?, je répète, impatiente.
-Je suis venu te proposer de venir habiter chez moi.
J'éclate de rire. J'ai du mal comprendre.
-Je crois que nous nous sommes assez parlés. Je vais partir.
Je prends mon cahier et ma trousse, je me lève mais mon père retient, fermement, mon poignet puis m'ordonne férocement:
-Emily ! Je suis ton père donc tu vas m'écouter !
Je soupire et sous les regards pesant des autres clients, me résous à l'obéir:
-Très bien, je suis tout ouïe.
-Tu es au courant de ces meurtres...
-Papa, ils se sont passés dans mon lycée. Le policier qui s'occupe de l'enquête m'a interrogé mais n'a pu rien tiré. Par contre il a arrêté une de mes amies. Je n'aime pas ce flic.
-C'est mon ami, il est très gentil.
-Oh, maintenant, je doute de ton point de vue.
-Rosy,je peux parler, je t'en prie ?
-Oui.
-Bien. Les deux victimes ont un lien étroit avec ta mère.
-Non, seulement Henry.
-Oui mais Cooper était très proche de Henry. Bref...Rester avec ta mère devient trop dangereux donc je te propose de venir à Malibu.
-Comme si maman faisait partie d'une organisation secrète., je rigole.
-Non, mais elle n'est pas celle que tu crois connaître.
-Tu veux dire quoi, par là ?
Nous sommes interrompus par la sonnerie de son portable. Il décroche :
-Oui, Urbefives à l'appareil.
Je profite de cette occasion pour m’éclipser.



*

Le soir, allongée dans mon lit, je repense à la conversation que j'ai eu avec mon père.
"Non, mais elle n'est pas celle que tu crois connaître."
Pourquoi m'a t-il dit ça ? J'aurais dû attendre la fin de son appel, j'aurais eu une réponse mais mon amertume avait repris le dessus. Résultat, je suis en proie de questionnement et je ne peux rien demander à ma mère. Celle-ci a été invitée à je ne sais quelle cérémonie. Elle ne reviendra pas avant minuit-une heure du matin.
Mais elle ne cache rien. Elle n'a aucun lien avec ces meurtres. Il me ment. Ce n'est qu'une ruse pour que je quitte le "camp maman". Je ne tomberai pas dans son piège, je ne suis pas naïve. Bientôt, il l'accusera des assassinats. Elle ne possède rien qui puisse la soupçonner sauf ... cette boîte. Je l'avais trouvée dans sa chambre, plus jeune. Elle m'avait gentillement expliqué que je ne devais pas l'ouvrir. Je n'ai plus cherché à savoir ce qu'elle contenait mais aujourd'hui, ma curiosité était piquée au vif.
Je sors de ma chambre et me dirige vers la sienne. La dernière fois que j'étais tombée dessus, elle se trouvait sous son lit. Peut-être se situait-elle toujours là ? Je me penche et...Bingo ! Ma mère ne l'avait pas déplacée. Je la tire vers moi. Mon cœur bât la chamade, si proche de la vérité. Je prends la boîte dans mes bras, me relève et sors de la chambre...pour me retrouver devant ma mère. La cérémonie s'est finie plus tôt que je ne le pensais. 
Une violente gifle, boîte retirée de mes mains, un "Je t'ai interdit de regarder Emily ! Tu ne dois rien savoir !" et un claquement de porte.
La joue encore en feu, je reste pétrifiée devant cette porte close. Mon père ne m'a pas menti. Ma mère me cache quelque chose.
  

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