dimanche 27 mai 2012

Chapitre 5

La sonnerie retentit. Nous rangeons nos affaires pendant que le professeur nous donne les dernières instructions, pour nos exercices.
Je quitte la salle pour rejoindre mon casier et y prendre mon sac de sport.
Sur le chemin, je ne porte pas cas aux camarades qui me saluent. Je pense à ces deux meurtres. Comment ne pas y penser ? Il se sont passés à une semaine d'intervalle, comme s'ils avaient un lien particulier. Or, Mr Pester et Mr Cooper n'ont pas été tués de la même manière. Le premier avait eu droit à une mort, sortie tout droit d'un Saw et le second avait eu plus de chance. Même si mourir n'est pas une aubaine, son corps n'avait pas été souillé. Dans mes pires cauchemars, je vois Mr Pester tenu par une chaîne, accrochée au mur d'une pièce insalubre, un point d'interrogation sur un de ses membres et...Non, je dois arrêter de regarder ce genre de films d'horreur. Cette histoire devenait effrayante. On pouvait ajouter à ce palmarès, une amie arrêtée par un policier, ressemblant à ces acteurs qui ne savaient pas se servir d'une arme. Sans nouvelle depuis 3 jours, je m’inquiète beaucoup pour elle. Personne ne parle de son arrestation, pas même les médias. Cet inspecteur l'a bien mise en état d'arrestation, je n'ai pas rêvé. Soudain, une pensée me traverse l'esprit. Et si Ken était le coupable ? Il aurait tout manigancé pour tuer Leslie. Cet homme ne m'inspire pas confiance. Il arrive derrière vous, sans que vous ne vous en rendiez compte, avec son sourire aussi radieux que le soleil. Trop beau, trop gentil, il peut faire un parfait meurtrier. Un frisson parcours mon échine et je m'efforce de penser :
"Non, c'est juste qu'ils ne veulent rien ébruiter. Leslie va revenir au lycée."
Oui, car elle n'est pas coupable. Pas à mes yeux, du moins. Elle n'a pas le gabarit suffisant pour assassiner un colosse comme Mr Pester. Elle ne doit pas mesurer plus de 1m60. Notre regretté proviseur fut, jadis, joueur de football. Il n'était pas plus petit que 1m90 et ne pesait pas moins de 80 kilos. Le meurtrier est un homme, c'est la seule hypothèse probable. Qu'a-t-elle fait, pour que les soupçons soient tous portés sur elle ?
"Emy, tu essaies d'ouvrir mon casier., m'avertit Mary.
Je sors de mes songes et me décale pour ouvrir le mien. Elle s'approche de moi, appuie son épaule contre eux et me demande :
-Ça va ?
-J'ai connu de meilleurs jours.
-Oui, en effet. Tu as des nouvelles de Leslie ?
-Non, je me posais justement la question. C'est...Bizarre.
Je ramasse mon sac de sport et je vois le visage de ma meilleure amie s'illuminer. J'ai oublié, qu'aujourd'hui, les essais de volley ball avaient lieu.
-Hors de question. C'est pour la muscu.
Mary soupire. Elle avait été désespérée quand j'avais décidé de quitter l'équipe, trois jours avant la finale.
-Emy, on a besoin de tes fabuleuses passes décisives., supplie-t-elle.
-L'entraîneur va faire les essais non ? Il en trouvera une autre, bien plus douée que moi.
-Tu pourrais jouer en poste de remplacent si titulaire ne te convient plus.
-Mary...Peter jouait dans l'équipe masculine. J'ai arrêté car je pense trop à lui. C'est pour le bien de notre lycée.
Mary me sourit. Elle va capituler ou elle me taquinait, tout simplement. Non, j'avais tort :
-C'est dur de te convaincre, comme avec Timoty. D'ailleurs, il veut toujours te parler.
Elle commence à m'agacer avec cette histoire.
-Toi aussi, tu es dur d'oreille.
-Je ne veux pas que tu souffres.
J'ouvre la bouche mais elle l'ignore superbement.
-Ne me sors pas l'argument du meilleur ami ! Je vois comment tu le regardes quand il est avec nous. Je sais que tu es, terriblement, jalouse de Victoria, tu l'as montré à la rentrée. Tu vas me faire croire que tu ne meurs pas d'envie, de lui déclarer ta flamme ?
-C'est vrai, Emy ?
Je n'ai pas aperçu qu'il se trouvait non loin de nous. Il a dû tout entendre. Je ferme les paupières. Mary, à vouloir tout arranger, a aggravé la situation. Que va t-il penser de moi, maintenant ? Il me verrait différemment, dorénavant. Je ne pourrai plus lui parler normalement. Pourquoi tout le monde s'obstinait-il à vouloir m'aider ? Pourquoi s'occuper de mes histoires ? Mes parents, mes amis, tous ! Je commençais à étouffer.
-Non, elle ment !, je lance froidement.
Mary me lance un regard noir mais ne cela ne sert, strictement, à rien.
Je claque la porte de mon casier.
-J'ai envie de rester tranquille. Ne m'accompagnez pas.
Ils approuvent. Je ne leur laisse pas le choix, de toute manière.
Je les quitte sans rajouter un mot.



*

Assise à un table de brasserie, je commence une dissertation pour oublier tous mes malheurs. Mais, il m'est impossible de me concentrer dessus et, je commence à regretter mon comportement de tout à l'heure. En ce moment, je me dispute, souvent, avec tous mes proches. Bientôt, plus personne ne voudra m'adresser la parole. Je dois présenter mes excuses à Mary et enfin, dévoiler mon amour pour Timoty, même si, je n'en doute pas, celui-ci l'a déjà deviné.
Je m'apprête à remballer mes cours mais un homme vient s'asseoir à ma face. Mon père. L'homme que je détestait le plus monde.
-Bonjour...Papa.
-Tu vas bien ma chérie ?
Je fais la grimace. Il faut que je me fasse à l'idée que, même si nos sentiments ne sont plus réciproques, il m'aime toujours.
-Oui et toi ?
Cela ne m'intéresse pas de connaître son état de santé, mais une simple formalité n'avait jamais fait de mal à personne.
-Je vais bien, merci.
-Comme as-tu su que j'ai été ici ?
-J'ai téléphoné à ta mère. Elle m'a seulement dit que tu te trouvais dans un endroit calme et reposant.
Ma mère a beau faire des nuits blanches, elle en lui en veut toujours autant.
-Et tu as trouvé ?, je demande sournoisement.
Il ne remarque pas que je me moque de lui. Ou du moins, il ne le montre pas.
-Je suis ton père, je te connais par cœur, Rosy.
Rosy, pour Rosalie. Mon second prénom. Je n'ai jamais su pourquoi il l'utilisait.
-Ça m'étonne beaucoup. Pour toi, je ne suis qu'une roue de secours depuis la mort de Peter.
-Je m'intéresse à toi, plus que tu ne le penses.
Je lâche un gloussement.
-Je ne te crois pas. Qu'es-tu venu faire ? Tu sais que je ne veux plus te parler.
-Je ne t'ai pas trompé que je sache.
-C'est tout comme. J'avais confiance en toi et tu étais mon héros.
Mon père sourit mais je vois qu'il se force. Je viens de toucher un point sensible.
Tout a basculé lorsque je l'ai découvert dans les bras de sa secrétaire, dans notre propre maison, l'année précédente. C'est peut-être un stéréotype, mais je l'ai vu. J'ai surpris leurs ébats amoureux. Même à 15 ans, on est tout autant choqué qu'à l'âge de 5 ans. C'est mon cahier, tombé sur le sol, qui a trahi ma présence. Le regard de mon père est passé de la surprise à la honte. Il y avait de quoi. Il trompait sa femme, après 14 ans de mariage. Ensuite, je me rappelle m'être enfermée dans ma chambre et être restée, assise, derrière la porte, toute la soirée. Je ne l'ai pas rapidement dévoilé à ma mère. Je l'ai fait, trois semaine après, au dîner, devant une émission qui traitait de l'adultère. N'y tenant plus, j'ai tout révélé d'une seule traite et je suis montée pour ne être au cœur d'une dispute, qui n'a pas tardé à éclater. Des bruits d’assiettes brisées, des cris, un claquement de porte, un crissement de pneu puis le calme. Je suis sortie dans le couloir et j'ai vu ma mère, assise sur une marche, en pleure. Je n'ai pas osé descendre, la prendre dans mes bras. J'avais causé beaucoup de mal. Après, je me suis mis à le détester et j'ai coupé tout contact avec lui. Mais il m'a retrouvé, à mon grand désarroi.
-Qu'est-ce que tu es venu faire ?, je répète, impatiente.
-Je suis venu te proposer de venir habiter chez moi.
J'éclate de rire. J'ai du mal comprendre.
-Je crois que nous nous sommes assez parlés. Je vais partir.
Je prends mon cahier et ma trousse, je me lève mais mon père retient, fermement, mon poignet puis m'ordonne férocement:
-Emily ! Je suis ton père donc tu vas m'écouter !
Je soupire et sous les regards pesant des autres clients, me résous à l'obéir:
-Très bien, je suis tout ouïe.
-Tu es au courant de ces meurtres...
-Papa, ils se sont passés dans mon lycée. Le policier qui s'occupe de l'enquête m'a interrogé mais n'a pu rien tiré. Par contre il a arrêté une de mes amies. Je n'aime pas ce flic.
-C'est mon ami, il est très gentil.
-Oh, maintenant, je doute de ton point de vue.
-Rosy,je peux parler, je t'en prie ?
-Oui.
-Bien. Les deux victimes ont un lien étroit avec ta mère.
-Non, seulement Henry.
-Oui mais Cooper était très proche de Henry. Bref...Rester avec ta mère devient trop dangereux donc je te propose de venir à Malibu.
-Comme si maman faisait partie d'une organisation secrète., je rigole.
-Non, mais elle n'est pas celle que tu crois connaître.
-Tu veux dire quoi, par là ?
Nous sommes interrompus par la sonnerie de son portable. Il décroche :
-Oui, Urbefives à l'appareil.
Je profite de cette occasion pour m’éclipser.



*

Le soir, allongée dans mon lit, je repense à la conversation que j'ai eu avec mon père.
"Non, mais elle n'est pas celle que tu crois connaître."
Pourquoi m'a t-il dit ça ? J'aurais dû attendre la fin de son appel, j'aurais eu une réponse mais mon amertume avait repris le dessus. Résultat, je suis en proie de questionnement et je ne peux rien demander à ma mère. Celle-ci a été invitée à je ne sais quelle cérémonie. Elle ne reviendra pas avant minuit-une heure du matin.
Mais elle ne cache rien. Elle n'a aucun lien avec ces meurtres. Il me ment. Ce n'est qu'une ruse pour que je quitte le "camp maman". Je ne tomberai pas dans son piège, je ne suis pas naïve. Bientôt, il l'accusera des assassinats. Elle ne possède rien qui puisse la soupçonner sauf ... cette boîte. Je l'avais trouvée dans sa chambre, plus jeune. Elle m'avait gentillement expliqué que je ne devais pas l'ouvrir. Je n'ai plus cherché à savoir ce qu'elle contenait mais aujourd'hui, ma curiosité était piquée au vif.
Je sors de ma chambre et me dirige vers la sienne. La dernière fois que j'étais tombée dessus, elle se trouvait sous son lit. Peut-être se situait-elle toujours là ? Je me penche et...Bingo ! Ma mère ne l'avait pas déplacée. Je la tire vers moi. Mon cœur bât la chamade, si proche de la vérité. Je prends la boîte dans mes bras, me relève et sors de la chambre...pour me retrouver devant ma mère. La cérémonie s'est finie plus tôt que je ne le pensais. 
Une violente gifle, boîte retirée de mes mains, un "Je t'ai interdit de regarder Emily ! Tu ne dois rien savoir !" et un claquement de porte.
La joue encore en feu, je reste pétrifiée devant cette porte close. Mon père ne m'a pas menti. Ma mère me cache quelque chose.
  

mardi 15 mai 2012

Chapitre 4


Je me réveille en ayant l'impression de revenir d'un long périple du monde des tenèbres et d'avoir une enclume à la place de la tête. Je jette un coup d'oeil circulaire et je m'aperçois que je ne suis pas dans ma chambre. Le blanc immaculé de la chambre, des cliquetis de machines incessants ne présagent rien de bon et ne signifient qu'une seule chose : Je suis à l'hôpital. Pour quelle raison ? Je n'en ai aucune idée. Ma mère est assise à mon chevet, un magazine dans la main. J'essaie de l'appeler mais ma voix est tellement enrouée que je parviens à ne sortir aucun son.Mais elle lève la tête et me souris.
-Ma chérie, tu es réveillée.
Elle paraît soulagée. A part le risque de mourir dans mon sommeil, ce qui ne m'est jamais arrivé, je ne vois pas pourquoi il faudrait être inquiet. Ma mère se lève du fauteuil et s'approche de mon lit pour m'embrasser sur le front.
-Pourquoi, je suis à l'hôpital ?, je demande d'une voix vaseuse.
-Ma puce...
Je sens de l'hésitation dans son intonation. Que me cache-t-elle ?
-Maman ?
-Emily...Tu as fait une crise de nerf.
-Une crise de nerf !, je m'exclame.
-Chut ! Ne t'énerve pas sinon les médecins devront te rendormir.
-Je ne dormais pas naturellement, donc.
-Non, comme je te disais, tu as fait une crise des nerf en rentrant du lycée. Heureusement que tu étais avec Mary et Leslie car elles ont appelé les secours.
-Leslie ?
-Oui, tu étais avec elle. Du moins, elle était encore là quand je suis arrivée.
Leslie devait être la fille française que j'avais croisé dans le couloir la...
-Nous sommes quel jour ?, je demande, douteuse.
-Samedi.
Ce n'est pas possible, à peine hier, nous étions lundi. Le temps passe de plus en plus vite de nos jours.
-Je dors depuis lundi ?
Elle acquiesce. La dernière fois que j'avais dormi ,telle la belle au bois dormant, je venais de sombrer au fond de notre piscine -Je n'ai plus rapproché un plan d'eau, depuis. Plus tard, les médecins avaient dit à mes parents que mon sommeil profond était dû à un choc émotionnel. Or, il ne me semble pas en avoir eu . Je suis perdue dans cette histoire. Pourquoi ai-je donc fait une crise ?
J'essaie de m'asseoir mais je retombe tel un boulet au fond de l'eau.
-Je vois que je suis encore faible.
-Il ne faut rien brusquer, tu viens d'emmerger, ma chérie.
-Oui...Pourquoi suis-je dans cet état ?
-Je te l'ai dit, tu as fait une crise.
-J'ai compris. Ce que je veux savoir, c'est pourquoi.
Elle plisse les yeux.
-Tu ne...Tu ne te rappelles de rien ?
Pourquoi, je devrais ? Je hoche la tête, elle soupire et s'assit sur le lit. Je remarque, alors, pour la première fois, que ses yeux sont entourés de cernes et injectés de sang. Si ma mère continue ses insomnies, à répétition, elle se retrouvera à ma place. De plus, son regard est triste. Je m'inquiète :
-Quelque chose de grave est arrivé ? Papa est...
Le mot s'étrangle au fond de ma gorge. Depuis la disparition de Peter, je ne l'ai plus prononcé.
-Non-elle commence à me caresser la main et quand elle le fait, ce n'est pas bon signe- c'est...
-Excusez-moi  d'interrompre ce joli moment de tendresse., nous coupe une voix d'homme.
Je me retourne et vois, avec stupéfaction, un inspecteur tenant sa plaque à la main,me dévisageant avec un sourire à en faire pâlir plus d'un, au côté d'un médecin.Gênée-je dois être en train de rougir- je détourne mes yeux des siens.
Soudain, un silence pesant s'intalle dans la pièce. Personne ne semble vouloir prendre la parole en premier. Je ne me suis jamais trouvée dans une situation aussi embarrassante. Pourquoi est-il là ? Je me demande si je n'ai assassiné personne. Sous l'effet de la drogue, tout peut arriver, même si je n'ai pas la souvenance d'avoir avaler quoi que que ce soit.
"Bon sang, que quelqu'un parle !"
Ma mère brise la glace comme si elle avait lu dans mes pensées mais la présence de l'agent n' a pas l'air de lui faire plaisir.
-Elle vient juste de se réveiller, les questions attendront !, rétorquent-elle d'un ton sec.
-Je vous assure que je n'ai rien fait du tout ! Je ne suis pas une meurtrière ! La...La dernière bêtise que j'ai fait, c'est...c'est... d'avoir fait pipi dans ma culotte à six ans.
Il rigole. L'ambiance est déjà ambarassante, il a fallu que j'en rajoute avec cette histoire.
Il s'asseoit sur le lit, malgré les objections du médecin et de ma mère.
-Docteur Sanders renvoyez-le ! Ma fille vient de se réveiller, elle a encore besoin de repos ! Vous le savez mieux que quiconque, non ?
Le médecin ouvre la bouche mais le policier prend les devant :
-Mrs Urbefives...
-Wilson !
-Ah oui, vous êtes divorcés... Donc Mrs Wilson, si nous devons avancer au plus vite dans cette enquête, je dois poser des questions à votre fille.
-Elle vient de se réveiller ! Elle m'a avouer ne plus se souvenir de rien !
Il me jette un regard interrogateur et j'affirme ce que vient de dire ma mère. Cela semble être un argument solide pour me laisser en paix. Je ne comprends pas grand chose et je n'ai pas envie de répondre à des questions, même si elles concernent mon âge ou mon prénom.
-Bien.
Il se rélève et s’apprête à partir mais rajoute avant de nous donner congé :
-Quand elle ira beaucoup mieux, elle devra venir au poste pour que je l'interroge sur son meurtre. Désolé de vous avoir dérangé.
J'attends qu'il disparaisse pour soutenir le regard de ma mère.
-Maman ! Un meurtre ? Je veux des réponses !
Elle jette un coup d'oeil  au docteur qui opine du chef. Ma mère inspire profondément et se lance :
-Lundi...Tu as découvert, un corps...
-Un corps ? Mais je...Je...
Je commence à paniquer.
-Calme-toi ma chérie., Elle se tourne vers le médecin. Ce n'est pas encore le bon moment pour le savoir.
-Je pense que plus tôt elle le saura, plus ce sera mieux.
-Ouais...
Sa voix devient, soudainement, blanche:
-Tu as découvert le corps de Henry Pester .

                                                                           *


Je ne sais pas comment j'ai pu ne pas faire une nouvelle crise de nerf, à l'annonce de cette nouvelle mais je comprends la première. Ce que je ne suis pas,c'est le fait d'avoir tout oublié alors que ce genre de détail était, génaralement, marquant. Mes problèmes de santé seront toujours mystérieux.
J'ai eu du mal à croire les paroles de ma mère. J'ai pensé qu'elle me racontait une blague ou qu'il y avait une caméra caché or, c'était, malheureusement, la vérité. J'en ai eu la confirmation aux infos. Ma réaction ? Tout ce qui se trouvait dans mon estomac -c'est à dire pas grand chose-s'est retrouvé au fond des toilettes. Vous ne devez pas comprendre ma réaction. Réagir ainsi, à la mort d'un proviseur n'est pas banal, je vous l'accorde. Mais pour moi, il était plus qu'un proviseur. Cette homme ,remarquable et dévoué pour l'établissement, était comme un père pour moi.
Il était devenu ami avec ma mère quand elle s'était effondrée à l'annonce de sa grossesse, à 18 ans. Il l'avait aidée à en parler à ma grand-mère, qui l'avait acceptée et à mon père qui ne l'avait pas abandonnée, comme un bon nombre de jeunes adultes. Naturellement, je suis me sentie proche de lui. Il fut une épaule sur laquelle, j'ai pu me reposer, l'année dernière. Maintenant, je l'avais perdu...Lui aussi. Quelqu'un devait m'en vouloir pour qu'il s'en prenne, ainsi, à des gens que j'aimais beaucoup.
Pourquoi un homme comme lui a t-il été assassiné de la sorte ? Quel individu a aussi peu d'humanité pour enlever les bras et les jambes d'une personne aussi adorable que notre regretté proviseur ? Un ancien élève, un jaloux, tout option n'était pas à prendre à la légère.
Heureusement, le proviseur adjoint a eu la brillante idée de fermer les portes du lycée pendant deux semaines et d'organiser une cérémonie d'adieu. Il le mérite amplement. Les élèves du lycée doivent contribuer à l'organisation de cette dernière. Je n'avais pas très envie d'y participer pour éviter de croiser Timoty mais je le faisais pour Mr Pester.
Timoty. Je ne l'ai pas vu depuis ma petite crise de jalousie. Il est venu me rendre visite à l'hôpital mais je n'étais pas, encore, en capacité d'ouvrir les yeux plus de dix secondes. J'essaie de l'éviter le plus possible, lui veut me parler, d'après Mary. Ma meilleure amie me conseille de tout lui avouer pendant que moi, je reste sur ma position. Il est mon meilleur ami, je ne peux me résoudre à gâcher notre si belle amitié. Je veux qu'il oublie mon comportement, alors, je me tiens loin de lui mais cela a le don d'agacer mes amies.

Pendant que j'accrochais des rubans, Mr Cooper, le proviseur-adjoint, s'approche de moi et m'ordonne, poliment, de descendre de l'échelle. Je m’exécute et lorsque je suis à sa hauteur, il commence:
-Miss Urbefives, j'ai remarqué que vous étiez très proche de Mr Pester. Ai-je tort ?
-Non.
-Bien. Puis-je donc vous demander d'écrire un discours en sa mémoire. Je sais que vous en avez fait un pour votre frère.
-Euh...Oui, je veux bien le faire mais...
-Super, je savais que je pouvais compter sur vous.
Il me donne une tape amicale puis part en me laissant sans indication de départ. Il doit penser que je me débrouille parfaitement, alors que tout le monde sait que je ne suis jamais satisfaite de mes écrits mais pour Mr Pester, je le ferai. Il mérite ce discours.

                                                                                 *

Jour-J. Inutile de vous dire que je suis stressée. Je fais les cent pas dans le couloir qui longe le gymnase, où se déroule la cérémonie. Je tremble de tous mes membres. J'ai peur d'être ridicule devant cette assemblée qui s'agrandit, au fur et à mesure, de mes passages devant la porte. Cette nuit, j'ai rêvé que tout le monde me jettait des légumes pourris et que j'étais devenue la risée de tout Los Angeles, voire des Etats-Unis.
Mary était là, avec moi, pour me rassurer mais j'avais surtout besoin d'un pouvoir pour disparaître en un claquement de doigts. Je me mets à regretter d'avoir accepter. Si j'avais dit non, je ne serais pas au bord de la crise d'angoisse et je serais confortablement, ou non, installée sur une des chaises, parfaitement, alignées.
-Emy, si tu continues à stresser, tu vas arriver à un stade où tu pourras remplir les océans du globe.
-Ce n'est pas toi qui vas te planter devant un public de 100 000 personnes.
-100 000... Tu exagères. Je suis sûre qu'il n'y a même pas tout le lycée présent. Allez calme-toi. Il ne faut pas que tu fasses une autre crise de nerf.
-Je sais. Je n'ai pas vraiment envie de retrouver, une nouvelle fois à Zombiland.
-Cool, je reconnais bien ma Emily.
J'esquisse un sourire timide.
-De toute manière, c'est le proviseur-adjoint qui commence, tu pourras t'inspirer de son discours.  Allez viens, ça va commencer.
Je la suis jusqu'à la scène où nous nous séparons. Pendant qu'elle s'installe au milieu de la foule, je monte, maladroitement, les marches en me répétant :
"Tu vas assurer. Tu vas assurer. Tu vas assurer. Tu vas assurer."
Arriver en haut de celles-ci, Mr Cooper me prend par les épaules et m'accompagne jusqu'à ma chaise,non loin du pupitre. Je m'asseois doucement en soufflant, pour extérioriser toute cette pression.
Le proviseur s'installe devant le pupitre et commence son discours. Moi, pendant, ce temps, je regarde l'auditoire. Ils ont tous les yeux rivés sur le proviseur-adjoint. Le maire est parmis nous.
"Génial..."
Je continue de parcourir l'assemblée jusqu'à ce mon regard s'arrête sur deux personnes. Une jeune femme et une fille. Elles me sont inconnues. De la famille ? Non, impossible, il me les a tous présentés, aussi bien en vrai qu'en photo et leurs visages ne me sont pas familiers. Tout ce que je puis dire, c'est qu'elle sont brunes aux yeux azurs foncés, comme lui (et moi soit dit en passant). Très magnifiques.
J'essaie de deviner qui elles peuvent être lorsque mon regard est attiré par une lueur étrange. La montre de Mr Cooper. Quelque chose est en train de s'y refléter. Je cherche l'origine, tout en sachant, que cela pouvait être un appareil photo. Sauf que ça ne vient pas des journalistes, ni du public. Ça provient d'un endroit en hauteur. Les poutres. Une forme humaine y est postée avec...un fusil de précision dirigé vers le front de Cooper. Un sniper, pas très sniper puisque que je l'avais remarqué, et si je ne prévenais personne, le proviseur-adjoint serait tué sur place, devant des enfants en bas-âge.
"MR COOPER !, je hurle.
Il se retourne, incrédule,un brouhaha s'élève de l'assemblée, je cours vers lui mais il est trop tard. Il s'écroule au pied de la secrétaire, qui se met à hurler. Hurlement communicatif puisque toute la salle entière se met à paniquer. Je lève la tête, le tueur n'est plus présent à son poste. Je me demande par où il s'est enfuit. Je n'ai pas le temps de trouver une réponse que quelqu'un me tire en arrière. Timoty. J'essaie de me dégager mais il me tient avec fermeté.
-Tu dois me suivre, c'est trop dangereux.
-Mais, le...
-EMILY !
Il me regarde furieusement, je n'objecte pas et je le suis sans rechigner. Nous courons jusqu'au parking où les autres nous attendent déjà...Excepté Mary et Leslie. Samantha est au volant de sa voiture, le regard loin devant elle et un rictus sur son visage. Mary arrive en larme et me prend dans ses bras.
-Cela aurait pu être toi. Cela aurait pu être toi.
Je n'ai pas tout de suite pensé à ça mais elle avait totalement raison. Non loin de Cooper, j'étais une cible potentielle pour l'assassin.
Est-ce le même meurtrier ? Deux morts en moins de deux semaines et dans les mêmes fonctions, cela commence à faire beaucoup. Pourquoi des personnes s'en prenaient-elles à notre lycée ? Est-ce que nos proviseurs fesaient partie d'une organisation secrète, dans le même ordre que les Francs Maçons ? Détenaient-ils les plans TOP SECRET de la NASA ? Toutes ces questions qui auront sans doute une réponse un jour mais en attendant, je veux pouvoir rentrer chez moi, saine et sauve, avec mes amis.

-Excusez-moi de vous déranger. , dit une voix qui m'est si familière et que je commence à détester.
Je me retourne et je tonne :
-Vous étiez dans la salle ? Oui, je vous ai apperçu ! Vous auriez pu faire éviter tout ce qui vient de se passer au lieu d'essayer de séduire toutes les femmes qu'il y avait dans la salle. Deux morts dans notre lycée ! DEUX !
-Emily calme-toi., me conseille Leslie qui vient d'apparaître.
Il sourit, une nouvelle fois comme si ce n'était qu'une simple blague pour lui. Je suis sur le point d'exploser lorsqu'il demande :
-Qui, parmi vous, est Leslie Legrand ?
-Moi., indique Leslie en s'avançant vers lui.
L'inspecteur sort des menottes, ce qui ne présage rien de bon et annonce :
-Leslie Legrand vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de Henry Pester. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous.
A ce moment là, je compris que l'affaire devenait sérieuse et que mes amis et moi allons y être plus qu'impliqués.