mardi 27 mars 2012

Chapitre 1

L'alarme retentissante du réveil me tire, violemment, de mon rêve. Je le hais. Il est sept heures. La vieille, je me levais encore le midi. Ce réveil anticipée ne signifiait qu'une seule chose : La Rentrée. Ce mot, le pire ennemi de tous les adolescents de la planète. S'il y a une seule personne, dans notre monde, qui aime aller en cours, je voudrais faire connaissance avec elle pour la féliciter de son courage.

Je prends mon uniforme, fraîchement repassé, et je me dirige vers la salle de bain pour une brève toilette. L'avantage d'être dans un établissement privé, c'est que nous ne mettons pas du temps à choisir nos habits. Nous ne fixons pas notre armoire, en désespoir de cause.
Un rapide coup dans la glace et je pars prendre mon sac de cours, dans ma chambre, avant de rejoindre la cuisine où je trouve ma mère endormie sur ses dossiers.
-Bonjour,maman !, dis-je sur un ton assez jovial.
Elle relève sa tête brusquement,en faisant tomber ses lunettes et quelques dossiers. Je ramasse ses affaires et l'embrasse sur la tête.
-Merci, ma grande.
Elle lâche un bâillement. Je soupire :
-Tu vas continuer à le faire longtemps ?
Elle amasse, furtivement, ses documents et ignore complètement ma question. Je m'énerve:
-Maman !
-QUOI ?, hurle-t-elle.
Je suis surprise par ce ton employé. Ma mère n'en avait jamais fait usage en ma présence, si on ne tient pas compte de la fois où j'avais souillé mon pantalon.
-Désolée ma chérie., se rattrape-t-elle.
Je dois avoir un regard de "chien battu".
-Je m'inquiète pour toi. Tu fais des nuits blanches depuis mai dernier.
-Ecoute, c'est entre papa et moi, ne t'occupe pas de ça.
Tout le monde me répète cette phrase depuis leur divorce, comme si j'avais quatre ans et cela a le don de m'agacer.
-Sans moi, il aurait continué à voir sa secrétaire dans ton dos., marmonnai-je.
-Peut-être que sans toi, j'irai beaucoup mieux !
-Qu...
Je prends cette remarque comme une coup de couteau dans le coeur. Je culpabilise assez comme ça, il a fallu qu'elle en rajoute une couche. C'est vrai, je suis à l'origine de la zizanie. Si je n'avais rien révélé, rien de tout ça ne serait arrivé. Nous serions une bonne petite famille. Sauf que les objets ,autour de moi, avaient tendance à exploser.
Leur petit jeu commençait à m'énerver.On me met de côté depuis le divorce...Non, depuis sa mort. Celle de mon frère. Pourquoi ? Allez savoir. J'ai seize ans depuis le 18 janvier, nous sommes en septembre, il faudrait peut-être qu'ils réalisent que je filtre toutes les informations. Je ne suis plus une enfant, je comprends tout mais ils sont distants avec moi, comme si je ne comptais plus pour eux. Rien n'est plus comme avant, tout a changé.
-Ecoute ma puce...
-Vous croyez que je ne comprends rien ?
-Ce n'est pas ça. Nous voulons juste que tu penses à toi, à tes études,...
Un rire nerveux sort du fond de ma gorge -Je sens les larmes arriver-. Je déglutis avant de me lancer:
-C'EST ÇA, OUI ! VOUS M'EN VOULEZ POUR AVOIR BRISE VOTRE JOLIE PETITE HISTOIRE D'AMOUR !
-TU ME PARLES SUR UN AUTRE TON, EMILY !
Je reçois une gifle. Le temps s'arrête de s'écouler comme si une personne avait appuyé sur le bouton stop. Nous restons pétrifiées, l'une en face de l'autre. Moi, avec ma joue enflammée, probablement rouge et ma mère, sa main encore en l'air.
Je suis la première à réagir. Je ramasse mon sac et me dirige, d'un pas décidé, vers la sortie. Ma mère rattrape mon bras mais je me dégage violemment. Quand j'arrive à la porte d'entrée, je me retourne et lance, avec une voix un peu trop aiguë à mon goût.
-Tu vois, avant, je pensais que nous étions une famille normale. J'en étais fière quand je voyais les problèmes de mes amis.
Je marque une pause avant d'ajouter:
-Plus maintenant.
J’aperçois une larme sur sa joue. Je ne cours pas la prendre dans mes bras, je m'en vais et je prends bien soin de claquer la porte.
Je déteste me disputer avec elle. Au volant de ma voiture, j'éclate en sanglot.